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7 janvier 2017 6 07 /01 /janvier /2017 08:44
un article de Rozenn Le Carboulec, issu du site du NouvelsObs.

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C'est étonnant: la catastrophe écologique nous rappelle tous les jours que le destin de l'humanité est de plus en plus incertain, mais ce genre d'info apparait dans "le plus" du nouvel obs, un espace à part ouvert aux débats et aux contributions des lecteurs. Par contre, les trucs importants et sérieux, comme les faits divers de la politique politicienne, les primaires et autres macroneries se trouvent dans l'Obs tout court.

La moitié du vivant se fait la malle, mais rassurez-vous, la presse française ne parle que des bricoles habituelles et de candidats à la présidentielle dont la plupart espère toujours la croissance économique, laquelle viendra à bout des forêts et des espèces animales que nous n'avons pas encore détruites.

 

LE PLUS. La Terre a perdu la moitié de ses populations d'espèces sauvages en 40 ans. C'est le constant alarmant fait par le WWF dans son rapport "Planète vivant 2014". Et ça ne va pas aller en s'améliorant. À quoi est-ce dû et comment éviter le pire ? Réponse de Romain Julliard, maître de conférence au Muséum national d'histoire naturelle.

Les effectifs de ces espèces sauvages ont décliné de 52% entre 1970 et 2010 (capture WWF)

 

Les populations d’animaux ont perdu en moyenne la moitié de leurs effectifs depuis 40 ans. Quand on regarde attentivement le rapport de WWF, ce n’est pas une réelle augmentation des disparitions, mais plutôt une poursuite de leur diminution, et ce à un rythme à peu près stable. Depuis 1970, les populations d’animaux sont en déclin constant.

 

Ce n'est pas une espèce qu'il faut préserver, mais tout le système

 

Depuis 40 ans, nous perdons des espèces, principalement les plus rares et menacées. Mais ce ne sont pas seulement ces disparitions que les interactions entre espèces liées à la quantité d’individus qui importent, car elles impactent l’ensemble de notre écosystème. La disparition de populations affecte la qualité des sols, la résistance face aux changements climatiques, l’efficacité de la pollinisation, etc.

 

Ainsi, la sardine est une espèce économiquement importante, mais elle mange du plancton, qui lui-même sera peut-être mangé par un autre poisson, ce dernier pouvant par ailleurs finir dans l’estomac d’un requin, un des prédateurs de la sardine. Ces interactions sont complexes et vouloir raisonner sur une espèce est trop réductionniste.

 

C’est tout le système qu’il faut considérer et préserver.

 

On parle par ailleurs beaucoup du service de pollinisation : aujourd’hui, de nombreuses cultures dépendent en effet de la pollinisation des insectes et quand la moitié des individus disparaissent, l’efficacité de la pollinisation est affectée dans les mêmes proportions.

 

La diminution des espèces a donc un impact direct sur nos vies. C’est le cas quand nous consommons directement ces espèces, en particulier les ressources marines. Et c’est là que résident notamment nos inquiétudes à court terme.

 

De nombreuses sociétés dépendent des ressources marines, comme la Chine, le premier pays producteur de pêche. Or, nous sommes allés trop loin dans la consommation et allons tout droit vers un déclin annoncé. Non seulement les populations diminuent de moitié, mais en plus, les 50% restants ont du mal à se renouveler.

 

Nous pouvons agir sur les causes de ces disparitions

 

Ce déclin a trois causes principales :

 

1. La multiplication du nombre d’humains

2. L’augmentation des besoins par individu

3. L’aggravation des dégâts sur la nature pour satisfaire un besoin

 

Ces trois composantes ne vont pas en s’améliorant, au contraire. Nous avons pourtant une marge de manœuvre, en particulier sur la troisième. La question à se poser est : comment satisfaire nos besoins en réduisant l’impact sur la nature ?

 

Le capital naturel n'est ni gratuit, ni infini

 

En France, nos préoccupations majeures sont liées à l’agriculture.

 

Les espèces menacées bénéficient pour la plupart de mesures de protection sur notre territoire. Quand on compare la tendance entre les espaces menacées et les espèces communes, ce sont les secondes qui disparaissent le plus vite. Or, elles dépendent beaucoup des pratiques agricoles, qui continuent à s’intensifier. En favorisant l’intensification, nous perdons toute une biodiversité, mais aussi un patrimoine naturel et culturel.

 

Tout se passe comme si la nature était à notre disposition, gratuite, infinie, sans tenir compte du fait qu’il y a, derrière cette idée, plus qu’une quantité limitée de nature, sa capacité à se renouveler. Il faut imaginer un autre système de relation à la nature, car à chaque fois que l’on diminue cette capacité de renouvellement, on empreinte sur ce que l’on pourrait nommer le capital naturel.

 

"Vision pour une seule planète" (capture WWF)

 

Si on veut laisser le même capital naturel aux générations futures – ce qui est loin d’être le cas pour l’instant –, il est temps de revoir nos modes de consommation.

 

Des solutions existent : à nous de revoir notre modèle économique

 

Il existe des solutions concrètes. Regardons ce qui se passe pour les quotas de pêche.

 

Une des stratégies aujourd’hui consiste à faire des quotas collectifs, c’est-à-dire attribués à une communauté sur une zone géographique précise, une quantité maximale de poissons à pêcher. On se retrouve en conséquence avec des pêcheurs suréquipés qui font tout pour pêcher le maximum de ressources, et ce le plus vite possible.

 

C’est une des caricatures de ce qui se fait actuellement : il faut consommer rapidement avant qu’il n’y ait plus rien.

 

À l’inverse, si l’on passe à des quotas individuels, c’est à chaque pêcheur de gérer son affaire comme il le veut. En conséquence, il investit moins dans les équipements, prend plus de temps, les ressources sont mieux gérées et en meilleure capacité de se renouveler. Les quotas individuels ont été expérimentés en Norvège et ça se passe très bien, où à la fois emplois et biodiversité sont restaurés. 

 

À nous, à présent, en faisant preuve d’un peu d’imagination, de généraliser ce modèle économique.

 

 

Propos recueillis par Rozenn Le Carboulec.

 

 

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